Ghost Rider in the Dust

Publié le par Yan

Dans la famille "adaptation de bédé sortie en 2010", Jonah Hex.

Cette première phrase sera la seule mention de la bande dessinée dans cette note, Jonah Hex le film n'a RIEN à voir avec son homonyme de papier, si c'est n'est le nom des personnages et la gueule brulée de son héros.

 

J'ai lu un paquet d'avis sur Jonah Hex avant de mettre la main sur le truc. On le disait fade, sans âme, court, n'ayant rien à raconter, mais bourré d'armes fantaisistes façon "Wild Wild West âpre et violent", et on disait que Megan Fox était belle. Je suis d'accord sur tous ces points, sauf le dernier.

 

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Le film n'a aucun rythme, soyons clairs. Il dure 1h40 et pendant tout ce temps, on avance, doucement, vers l'ineluctable fin : un grand boom. Le début est pourtant franchement cool : Jonah shoote des méchants avec une double gaitling montée sur son cheval, évite les balles façon japanime et dit des trucs comme "cut meself shavin" quand on lui demande c'qui est arrivé à sa tonche. Le bounty hunter solitaire est présenté comme un être surnaturel, capable de parler aux morts et de courir entre les pruneaux, et ça passe plutôt bien. Seulement voila, dès qu'il faut arrêter les scènes icono-mythologiques et commencer à raconter une histoire, tout tombe par terre : Megan Fox est un intérêt sentimental des plus douteux (et dire que sous cette potiche en guenilles se planque la version grand écran de Talulla Black...), Turnbull un méchant confédéré bas du front, et Hex un vieux garçon mal embouché. La caractérisation des personnages est tellement basique qu'au final, on se fout pas mal que Jonah prenne des balles dans le buffet et manque de crever une deuxième (voire cinquantième) fois ou même qu'il finisse par attraper le vilain général qui veut faire péter Washington avec sa machine de guerre du futur.

La technique ne fait rien pour : c'est monté avec un désintérêt flagrant et on ne voit rien la moitié un temps (merci les films numériques modernes aux contrastes trop poussés). La bande son est juste risible : entre la grosse bombarde grandiloquente à grands renforts de cuivres du score et la surenchère de guitares saturées, on a bien du mal à se croire dans un western, même grand public avec du steampunk bas de gamme dedans. Je n'ai rien contre l'apparition, le temps de 3 riffs complètement ravagés par Marco Beltrami, de Mastodon, mais indiscutablement, la prod a oublié qu'elle avait affaire à des cow-boys, et pas à des bikers (ceci dit, c'est plutôt bon une fois sorti de son contexte).

 

Bref, question ambiance et caractère, le pauvre Jonah est à la rue. Que peut-on en sauver ? Ben.... Rien, ma bonne dame.

L'ajout du fantastique et de la SF WildWildWestienne permet au film de ne pas s'embourber dans le spaghetti acide qu'il n'aurait pas sû faire et de rendre un pop-corn movie plutôt regardable au premier abord (la scène d'intro est bonne, vous disais-je), sauf que là où l'on pense trouver le véritable moteur du film (gadgets rigolos, armes abusives et cadavres qui pleuvent dans la joie et l'allegresse) on n'a rien d'autre qu'une idée lancée à l'arrache pour faire bosser l'accessoiriste. Jonah n'utilisera qu'une fois son cheval gaitling et aura plus tard entre les mains des arbalettes automatiques lanceuses de batons de dynamite. C'est tout. Les armes sont sympa, mais sous-utilisées (il les vide en 20 secondes). Reste alors le gros canon à petites boules dorées du méchant. Là encore, l'idée aurait pu être rigolote (une bombe atomique pré-nucléaire, en gros) mais l'arme est clairement sous-puissante par rapport aux éloges qu'on en fait (c'est sensé apporter la mort et la destruction dans tout le pays, et ça fait juste sauter un bateau, au final). On est loin du délire de l'araignée mécanique du Dr Loveless qui, dans son exagération, avait vraiment de quoi retenir l'attention (et wai, Wild Wild West, si on enlève Will Smith, est un bon film bien rigolo).

Tout, et je dis bien TOUT ce qu'entreprend le film est un échec, du steampunk moisi au sous-emploi du fantastique. Jonah peut parler aux morts, mais ça sert à rien (il leur demande la route, juste) et sa résurrection au milieu du film après s'être pris deux volées de chevrotine tombe à plat (y a des indiens qu'on sait pas pourquoi ils le sauvent et les corbeaux qui lui sortent du corps, ça fait un peu beaucoup Brandon Lee, quand même). En plus, c'est long et con, comme scène, et ça sert juste à gagner de la bande : ça permet au réalisateur de ce truc de nous re-re-remontrer pour la 250ème fois la mort de la famille de Jonah. Au cas où on avait pas pigé la première fois. Et si je vous dis qu'en plus de n'avoir rien à raconter, le tout est amoureusement saupoudré de répliques pseudo-viriles à faire passer Steven Seagal pour un acteur de composition...

 

Concluons donc, si vous le voulez bien : Jonah Hex, le film, ne sert à rien, n'a aucun intérêt pour les fans du comics comme pour les autres, et ne méritait même pas l'heure et demi que je lui ai consacré. D'ailleurs, il ne méritait pas non plus cette note, mais il fallait que je vous dise de ne pas approcher de ce machin. Préférez le DC Showcase planqué dans le DVD de Batman Under The Red Hood avec (excusez du peu) les voix de Thomas Jane et Linda Hamilton. t

Publié dans Cinémascope

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