Collision Course

Publié le par Yan



J'ai toujours vu les albums éponymes comme des tentatives, souvent à rebours, de (re)définition du style d'un groupe. En 2008, God is an Astronaut me semblait donc avoir trouvé sa voie, son son, et terminé sa mue de l'électronique vers l'électrique. Age of the Fifth Sun est le 5ème album des irlandais et, si l'on suit mon raisonnement, le 1er après la "maturité".

En découvrant l'album, on ne peut s'empêcher de tiquer sur son mixage. Le son est plus brut, les aigus sont agressifs et la batterie, très sèche, semble en retrait. Le titre d'ouverture se charge de nous démontrer en quoi consistera la recette de l'album, et le choc est rude : Worlds in Collision rappelle indéniablement All is Violent et seule la basse vient en soutient d'une batterie perdue dans un univers à nouveau entièrement synthétique. A sa suite, les ritournelles samplées se taillent la part du lion sur In the Distance Fading, dont le final nous offre même un jeu de cymbales très Raunchyen (si, si), avant de lâcher, d'un coup, deux riffs de guitares tonitruants, aussitôt avalés dans la montée des samples. Les irlandais viennent de nous expliquer les raisons du mixage aigu et agressif : la guitare disparait presque, les samples reviennent en masse, mais la rage (si tant est qu'on puisse l'appeler comme ça) reste. Néanmoins, l'impression laissée par son entame est claire : Age of the Fifth Sun est l'inverse de ce à quoi je m'attendais et GIAA s'offre un retour assez violent de 6 ans en arrière tout en profitant des avancées offertes par Far From Refuge et l'album éponyme. Lost Kingdom a de faux airs de Coda et Parallel Highway ressemble à Suicide by Star (et leurs titres, comme toujours chez GIAA, ne doivent sans doute rien au hasard), là où le dernier titre, Paradise Remain, est une outro à l'image de Crystal Canyon sur A Moment of Stillness.
Et puis, sur la fin de l'album, on retrouve Shining Through. Et de la guitare. C'est d'ailleurs là que le choc du mixage se fait le plus ressentir. Chaleureuse et enveloppante, la piste de 2009 trouve une agressivité nouvelle malgré la guitare totalement étouffée. La batterie est assourdissante, et il faut attendre le riff final pour reconnaitre la piste qu'on avait l'habitude d'écouter. A sa suite, la piste éponyme Age of the Fifth Sun est un condensé de saturation des guitares sublimé par un jeu toujours aussi atmosphérique. Le final est néanmoins tout autre : cordes qui grincent, double pédale, GIAA, sans accélérer son jeu, le dynamite complètement. Pour la première fois de ma vie en écoutant du God is an Astronaut, j'ai pas fermé les yeux, j'ai headbangué...

God is an Astronaut ne s'est jamais répété d'un album à l'autre, mais ce 5ème opus est vraiment surprenant. Le parti pris d'un retour total en arrière après des années d'évolution musicale a de quoi faire peur, néanmoins Age of the Fifth Sun sait se trouver une puissance. Malins, les irlandais ont troqué le tout guitare pour un mixage plus incisif et offrir un album tour à tour posé puis envolé, moins complexe, sans doute, mais toujours élégant.
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